Nos coups de coeur
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Je n’ai pas bien la définition de ce qu’est un roman à idée, mais il me semble qu’ici c’est adéquat. Dès les premières pages, une réflexion s’ouvre sur les choix qu’une société est amenée à faire afin de prévenir et réduire les violences dont elle est gangrénée. Le choix est radical, sans nuance : l’ultra transparence. Tous les murs des maisons s’abattent et deviennent d’immense baies vitrées. A la vue de tous, plus aucuns impairs ne pourraient être fait. Une justice pour et par tous ... ? Dystopie d’un avenir si proche. Illustration d’un puritanisme morale et populaire. Mais comment condamner ce projet, quand les violences se trouvent majoritairement dans l’intimité des foyers L’autrice donne à voir une application extrême de nos urgences contemporaines. Tout dire, tout dénoncer, tout assumer... transparence = pureté ?
Devant ma bibliothèque quelques fois je soupire d’un discours uniforme, passionnant certes mais qui vient étayer nos idéaux... et rarement les choquer, les bousculer. Ce recueil de témoignages arrivent et je le choisi comme un avant-goût de maternités rebelles (Judith Duportail, publication à venir). Très vite je sens que le ton de Maria Llopis est loin du mien. J’y lis, non sans aprioris, une éloge du féminin sacré ou tout au plus une dissidence des normes par la sacré. Tout de la “mise en vie” est perçu avec étincelles et magies. Et, les limites de mon entendement s’effritent. Je ris pour mettre le discours à distance, et je ne suis plus sûre de ce qui me choque, m’épate ou m’exaspère...
Le titre m’a fait lever les yeux au ciel. J’ai rangé la seule expression “bien-être” dans le rayon : injonction au bonheur, new age et mille et une recette alternative pour mieux vivre sous l’air néolibéral. Mais la maison d’éditions m’a convaincue de vaincre mes apriori. C’est grâce à la rencontre littéraire, organisée à la librairie à soi-e, de Camille Teste. En 2h, je fus conquise et confuse de mes premiers préjugés. Nuance critique et acerbe de deux espaces : la militance (par la pureté militante, la précarité, la pression) et le bien-être (dépolitisation et appropriation culturelle). Une autrice qui écrit de l’intérieur de deux milieux, pour en faire la critique... sans crainte de s’y faire boycotter. Qu’est-ce que je peux aimer davantage que cette audace ? Mais si elle est souvent coûteuse !
Je me souviens de ce ton de colère, tout à coup il devient possible à mes yeux d'écrire un livre en jurant comme un chartrier !
Je me souviens qu'elle explique l'origine de ce pseudo Despentes.
Je me souviens qu'elle parle de ses agressions sexuelles, de sa reconstruction via le travail du sexe. Et peut-être que c'est cela qui m'a le plus marqué voire choquée à l'époque... Je me suis sentie désespérée en me disant que je n'avais, pour l'heure, aucune représentation positive de personne s'étant reconstruite après une VSS, et celle-ci me mise mal à l'aise. Des années plus tard, je vois ce récit bien différemment et mon regard sur le Travail du sexe à bien changé !
A peine avais-je ouvert la première page de cette BD que je finissais d'en lire la dernière. Non seulement le dessin nous emmène tout en émotion dans cette biographie... mais surtout nous découvrons une autrice des années 30. Au rdv réflexion sur l'écriture, le polyamour, le secret, le désir, la bisexualité ...
Je traîne une amie dans une librairie de mon quartier. J'ouvre ce livre, dont j'avais déjà beaucoup entendu parlé, les dessins me sautent au visage. Immédiatement je le referme en me disant que toute la librairie doit me regarder rougir d'excitation !
Pour mon premier amour j'avais 14 ans, et n'ayant aucune idée de "Comment être une vraie lesbienne", bien sûr notre ami google nous a servi sur un plateau un tas de représentations toutes plus weird les unes que les autres... (imaginez les entrées google en plein boum des manifspourtous.... !).
Puis le film "La vie d'Adèle" est sorti, je ne sais pas si ce fut pire ou mieux... mais en tout cas c'était et violent et traumatisant pour une ado en plein quête de modèles. J'avais tellement peur que notre sexualité soit obligée d'être comme celle-ci. D'ailleurs c'était la première question qu'on nous demandait : "Vous faites comme dans la vie d'Adèle ?". L'enfer !
Mon frère m'a offert ce livre en me disant "bon mais j'ai peur que tu n'apprennes rien". C'est vrai qu'en plein master sur le Genre, m'offrir un livre de vulgarisation sur le féminisme, c'était audacieux ! Eh bien il a eu tout faux le fréro...
1) Quand on devient obsessionnel sur un sujet, on perd les notions de réalités, et plus personne ne comprend ce qu'on raconte. Lire des ouvrages de vulgarisation, ça permet d'apprendre à être intelligible.
2) Etudier le genre et le féminisme ne veut pas forcément dire qu'on a tous les "codes" actuels et notamment ceux de la pop culture. Donc j'ai découvert des concepts, compris des tendances !
On va pas se mentir... j'ai refusé de lire ce livre pendant longtemps. J'étais agacée par ce vocable misandre et le côté "nouvelle bible" lesbienne au moment de sa sortie. Puis je l'ai lu l'an dernier et j'ai trouvé que c'était super, et je l'ai même conseillé !
J'ai beaucoup aimé la première partie qui décrit son travail de "journaliste média". Elle évoque beaucoup de chiffres, de noms, de données concrètes sur la place des femmes et des lesbiennes dans le journalisme. Elle y décrit avec brio un sexisme bien particulier. Elle parle aussi de cette notion de "communautarisme", la compare au USA, en défend l'utilité tout en soulignant ses limites. Elle dénonce comment on a relégué au champ de "spécial" les sujets #lgbt et comment elle a réussi tant bien que mal à s'immiscer dans les choix rédactionnels.
Il est aussi indéniable qu'elle a un parcours militant et professionnel stupéfiant.
J'ai pleuré et j'ai eu le ventre retourné. Du plus loin que je me souvienne, je ne me suis jamais autorisée à penser "faire famille". J'aimais les filles alors cela était impensable et puis j'aimais les garçons mais il était hors de question que je fasse une famille hétérosexuelle. La PMA pour toutes est arrivée, joie immense bien sûr mais aussi bouleversement intérieur. Je ne pouvais plus me reposer sur le "c'est pas possible de toute façon", potentiellement un choix devenait possible. Panique à bord !
Dans ces pages, j'ai lu des modèles d'amour. J'ai lu, au delà des schémas familiaux, des schémas amoureux et de façon bien plus inclusive et large que dans beaucoup d'ouvrages sur le sujet. J'ai perçu alors la notion de "famille" autrement...
Je me demande si le titre n'est pas trompeur ! Qu'il ne fait pas détourner le regard aux gens qui devraient le lire... ? mais à la fois il fait faire un sourire narquois à une bonne partie des queers.
J'aime ce livre et voue une profonde admiration à Juliet Drouar. Iel s'adresse au public avec une pédagogie que je trouve indispensable. Cet essai évoque le B-A-BA de toute réflexion sur le féminisme (queer). Quoi qu'on en dise, quelque soit notre degré d'information sur les études de genre... quand l'émotion nous monte, et qu'on doit placer un argumentaire souvent on perd nos mots et personne ne comprend plus rien !
Ici on parle de pornographie, le titre semble effectivement assez clair !
On entre dans les coulisses et c'est passionnant. Avant même de visibiliser un milieu cela formule des questionnements sur le regard hétérosexuel, sur les liens entre hommes, les masculinités... sujets beaucoup universels qu'il n'y paraît. La pornographie oeuvre comme la chambre noir des fantasmes collectifs.
Alors entrons dans cette chambre à "coucher"... courage, ça va bien se passer !
Nos histoires amoureuses ont-elles toutes la même trame ? Un début et une fin, avec au milieu des étapes linéaires ?
L'autreurice (de "le bleue est une couleur chaude") propose tout en la questionnant, une trame amoureuse. A l'intérieur de cette "trame" les moments de vies intimes sont racontés grâce à plusieurs relations/personnages. Une structure, plusieurs histoires.
La magie de cette ouvrage est tant dans l'envoutement du dessin que dans la pluralité qui est offerte dans les histoires amoureuses.
Ne hurlez pas au "boys club masculiniste", je vous en prie !
J'ai acheté ce livre après plusieurs séances avec des hommes, en réponse à : "je suis perdu", "j'ai l'impression qu'on m'insulte quand je pose les mauvaises questions".
Je les regarde stupéfait après ma question "tu en as parlé avec des potes à toi ?".
Moi face à ça souvent je me sens désarmée ! J'ai l'impression de devoir apprendre les couleurs à un adulte.
Je suis désarmée parce que mon rôle (professionnel) n'est pas de leur hurler dessus qu'il était temps de se réveiller et d'aller au rayon "féminisme" de la bibliothèque.
Je suis désarmée parce que sur un angle individuel, cette personne est dans un inconfort/souffrance réel. Quelques fois c'est pour lui un réel labyrinthe entre des envies d'éthique et la confrontation à la réalité.
Romane Faure-Mary
@romane.fauremary.autrice